La vitamine D est un groupe de pro hormones liposolubles comprenant deux principales formes, la vitamine D2 ou ergocalciférol, d'origine fongique et végétale, et la vitamine D3 ou cholécalciférol, d'origine animale, mais surtout synthétisée par la peau à partir d'un dérivé du cholestérol sous l'action des rayons ultraviolets B (UVB ceux-là même qui sont responsables de coups de soleil).
Malheureusement, cette production cutanée de vitamine D est réduite toutes les fois que l'accès des sujets aux rayons UV est diminué et ce pour des raisons climatiques, socio-économiques ou culturelles. La production dépend aussi de la quantité du précurseur présent dans la peau, de la couleur de la peau et de l'âge du sujet (elle est réduite chez les sujets âgés et les sujets à peau très pigmentée).
Les aliments riches en vitamines D sont l'huile de foie de morue et, dans une moindre mesure, les poissons, le beurre et le fromage. L'alimentation ne suffit pas à compenser le manque de synthèse de vitamine D en automne et en hiver. L'apport alimentaire est estimé au dixième des besoins, ce qui explique et justifie l'enrichissement en vitamine D de certains aliments (lait).
Pour un sujet ne s'exposant pas au soleil, un apport de 10 à 15µg/j (400 à 600UI/j) est nécessaire.
Si le sujet s'expose normalement, 50 à 75 % des besoins sont fournis par le soleil, d'où un apport nutritionnel conseillé (ANC) de 5µg/j (200 UI/j) préconisé en France. Ces besoins sont plus importants chez la femme enceinte, le nourrisson, les sujets âgés, les personnes obèses et les sujets à peau noire.
En réalité, plusieurs études et recommandations de sociétés savantes fixent le besoin en vitamine D à 20 à 50 µg/j (800 à 2000 UI/j). Ces apports doivent être impérativement accompagnés d'un apport en calcium de 1g/j (1UI=25 ng de Vit D).

Il a été mis en évidence que les suppléments de vitamine d sont efficaces comme thérapeutique dans diverses maladies auto-immunes.

 

Synthèse de la vitamine D

La vitamine D, apportée par l'alimentation ou fabriquée par la peau (à partir de la conversion du 7-déhydrocholestérol)subit deux hydroxylations. La première a lieu dans le foie où elle est transformée en 25(OH) D ou calcidiol, principale forme circulante de la vitamine D. Il s'agit de la forme dosée au laboratoire et qui détermine le statut vitaminique (cette forme est toujours inactive).

La seconde hydroxylation convertit, au niveau du rein, le calcidiol en 1,25(OH)2D3 ou calcitriol forme active de la vitamine D. Cette synthèse est régulée par la PTH.

 

Nouvelles implications physiopathologiques

Le rôle de la vitamine D dans le maintien de l'homéostasie minérale et la santé osseuse est connu de longue date et renforcé par des études récentes randomisées. Une carence en vitamine D a pour conséquences des douleurs et des faiblesses musculaires, de la fatigue... et, à plus long terme, une baisse de la minéralisation osseuse provoquant un rachitisme chez l'enfant ou une ostéomalacie chez l'adulte. En effet, la vitamine D agit sur l'absorption intestinale du calcium. En cas de déficit, seul 10 à 15 % du calcium est absorbé. Ceci entraîne une hyperparathyroïdie secondaire avec élévation de la PTH responsable de la perte du phosphore par les urines et de la mobilisation du calcium squelettique, entraînant elle-même une déminéralisation et précipitant ou exacerbant l'ostéoporose.

Toutefois, au delà de ses effets classiques liés au calcium, la vitamine D est de plus en plus reconnue pour ses puissantes activités antiprolifératives, pro-différenciatives et immuno-modulatrices.
Son rôle dans des pathologies diverses se base sur l'existence de récepteurs de vitamine D (VDR) au niveau de presque tous les tissus et cellules de l'organisme y compris le cœur, le cerveau, le pancréas, la prostate, le sein, le colon et les cellules immunitaires.
La 1,25(OH)2 D3 contrôle l'expression de plus de 200 gènes incluant les gènes qui régulent la prolifération des cellules saines et cancéreuses, leur différenciation, la mort cellulaire.
Des études épidémiologiques et observationnelles ont permis de constater l'implication de la vitamine D dans plusieurs pathologies, mais ces données nécessitent des études randomisées pour prouver des liens de causalité.
Ainsi, la vitamine D jouerait un rôle dans la santé cardio-vasculaire et rénale. Des données expérimentales démontrent qu'elle a d'importants effets protecteurs vasculaires comme la suppression de l'activité rénine, la diminution de la calcification vasculaire et la réduction de la thrombogénicité.
Elle jouerait également un rôle dans la fonction immunitaire. Il a été mis en évidence que les suppléments de vitamine D sont efficaces comme thérapeutique dans diverses maladies auto-immunes comme le diabète de type I, les maladies inflammatoires de l'intestin, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde. La vitamine D a un impact direct sur les lymphocytes T et B ce qui explique son effet immuno-modulateur.
Enfin, la vitamine D diminuerait la croissance cellulaire hyper proliférative. Il existerait un lien solide entre une concentration élevée en vitamine D et la réduction du risque de cancer colorectal. Tandis que le lien avec le cancer du sein, du poumon... est moins solide et nécessite des études plus poussées.

 

Essentielle à la santé

Toutes ces données récentes indiquent clairement que la vitamine D devrait être considérée comme essentielle pour la santé et le bien-être global.

La supplémentation en hiver en vitamine D, surtout chez les sujets âgés, est certainement bénéfique. Elle doit être accompagnée d'apport en calcium suffisant et le bronzage artificiel est à proscrire car les effets délétères sont plus importants que les bénéfices (cancer avéré de la peau).
Des études randomisées sont nécessaires pour avoir un consensus définissant les valeurs des apports optimums.

 

Encadrés

 

Sources de la vitamine D et besoins

vitamineD

 

Détermination du statut de la vitamine D

Exceptionnellement pour ce paramètre, il n'est pas question de « valeur normale » mais de valeurs souhaitables car la population est « normalement » déficiente à la fin de l'hiver.

La valeur souhaitable : 30 à 50 ng/ml soit 75 nmol/L à 125nmol/L
La déficience : entre 10 et 30 ng/ml soit 25 à 75nmol/L
La carence sévère : <10 ng/ml soit <25 nmol/L

Avec ces valeurs, la déficience concerne plus d'un milliard de personnes sur terre et plus de la moitié des femmes ménopausées. Les statistiques marocaines confirment ces données. Sur plus de 12000 dosages de vitamine D effectués au laboratoire CERBA, la moyenne est de 17,3 ng/ml qui se décline selon le tableau ci-après :

 

Tranche d'âge/ans <=14 14-45   45-65 F 45-65 M   >65    Total    
Nbre patients 199 1802 6374 598 3466 12178
Vitamine D 21,9 16,7 16,4 19,6 17,4 17,3

 

vit-D

 

Il convient de rappeler que les statistiques indiquées ci-dessus sont obtenues à partir de prescriptions à des patients présentant probablement des signes d'appel.
On ne remarque pas de différence significative entre les tranches d'âge ou de sexe, ce qui laisse supposer que la carence serait générale.
Pour ce qui est de la toxicité imputable à un surdosage de vitamine D, elle ne se manifeste que lors d'un très fort apport de vitamine D avec hypercalcémie et risque de lithiase rénale.
Le dosage de la 1,25 (OH) 2D3 n'apporte pas d'informations quant au statut de vitamine D d'un patient, il n'est indiqué que dans l'insuffisance rénale chronique ou les rachitismes vitamino-résistants.